Le documentaire se présente comme une analyse des jeux de pouvoir
entre Paris, Berlin, l’Europe et le monde de la finance. L’eurodéputé
belge Philippe Lamberts, écolo, énonce d’emblée l’enjeu : « Soit ce sont
les banques qui asservissent l’État, soit on les met sous contrôle.
C’est un combat. » Mais le combat auquel nous donnent d’assister les
réalisateurs est fortement édulcoré. Apparaissent clairement la force du
lobby bancaire, omniprésent à toutes les étapes de préparation des
lois, le conditionnement de certains fonctionnaires de Bercy pour
lesquels « ce qui est bon pour la BNP Paribas est bon pour la France »,
ou encore le rôle clé joué par les parlementaires français et européens
sur les paradis fiscaux.
Mais le parti pris laisse pour le moins perplexe. François Hollande,
qui a accordé une interview exclusive pour ce film, est présenté comme
celui qui aurait fait bifurquer l’Europe loin des chemins de
l’austérité… Surtout, le lecteur de la Revue Projet sera stupéfié
d’entendre un tel panégyrique de la loi bancaire française. La parole
est laissée sans contradiction à Pierre Moscovici, ministre des
Finances, et surtout à Karine Berger, rapporteur du projet de loi à
l’Assemblée nationale. On regrettera par exemple que Thierry
Philipponnat, directeur de Finance Watch (le contre-lobby de la
finance), mis à contribution tout au long du film pour décrypter les
enjeux de la loi, n’ait pas pu donner son appréciation sur le texte
finalement voté.
On aurait aimé échapper à l’optimisme béat qui conclut le film en faisant
croire au téléspectateur que les activités de crédit et de marché sont
bel et bien séparées, ou que les contribuables ne seront pas mis à
contribution en cas de faillite d’une grande banque française. Rappelons
que Crédit agricole, Société générale et BNP-Paribas figurent parmi les
cinq banques européennes les plus fragiles.
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