mardi 29 octobre 2013

Un reportage d’Arte sur le lobbying bancaire

Dont la conclusion est hélas erronée, rien n’ayant véritablement été séparé !
Le documentaire se présente comme une analyse des jeux de pouvoir entre Paris, Berlin, l’Europe et le monde de la finance. L’eurodéputé belge Philippe Lamberts, écolo, énonce d’emblée l’enjeu : « Soit ce sont les banques qui asservissent l’État, soit on les met sous contrôle. C’est un combat. » Mais le combat auquel nous donnent d’assister les réalisateurs est fortement édulcoré. Apparaissent clairement la force du lobby bancaire, omniprésent à toutes les étapes de préparation des lois, le conditionnement de certains fonctionnaires de Bercy pour lesquels « ce qui est bon pour la BNP Paribas est bon pour la France », ou encore le rôle clé joué par les parlementaires français et européens sur les paradis fiscaux.
Mais le parti pris laisse pour le moins perplexe. François Hollande, qui a accordé une interview exclusive pour ce film, est présenté comme celui qui aurait fait bifurquer l’Europe loin des chemins de l’austérité… Surtout, le lecteur de la Revue Projet sera stupéfié d’entendre un tel panégyrique de la loi bancaire française. La parole est laissée sans contradiction à Pierre Moscovici, ministre des Finances, et surtout à Karine Berger, rapporteur du projet de loi à l’Assemblée nationale. On regrettera par exemple que Thierry Philipponnat, directeur de Finance Watch (le contre-lobby de la finance), mis à contribution tout au long du film pour décrypter les enjeux de la loi, n’ait pas pu donner son appréciation sur le texte finalement voté.
On aurait aimé échapper à l’optimisme béat qui conclut le film en faisant croire au téléspectateur que les activités de crédit et de marché sont bel et bien séparées, ou que les contribuables ne seront pas mis à contribution en cas de faillite d’une grande banque française. Rappelons que Crédit agricole, Société générale et BNP-Paribas figurent parmi les cinq banques européennes les plus fragiles.

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